Tu m’es arrivée tout empaquetée,
D’une blancheur de lait. Objet de désir, objet de plaisir. Devoir de créer et de te parer De ta robe de lés. Le tissu se tendait, plissait, résistait, Soudain je compris que sur toi il vivrait : Les veines de ton ventre Tendrement il dessinait. Sa trame chantait. Une gueule rose s’ouvrait, Deux yeux bleus me fixaient et s’imposaient collés. Sous l’effet du vernis les encres se moiraient, Quelques poils s’égaraient, Bruns et verts se mariaient. Lorsque ton cou fut ceint, Ton harnais je posais, comme touche finale Mais cornes, pattes et sabots réclamaient la couleur Que ta queue fort rebelle a longtemps refusée. C’est des fils qu’elle voulait ! Ta croupe enfin de couleurs festonées, Tu t’es remise en marche Pour ne plus t’arrêter. Louise Caroline, ‘La vache à lés’, Cow Parade 2015. Julien Giovannoni, « Louise Caroline », La Salamandre d’Axolotl, n° 8, novembre 2014 :
« Un grand tissu montrait l’espace infini, les confins de l’univers qui se dessinaient devant moi. Cet espace lointain, faisait défiler tantôt du vide et tantôt des immensités vaporeuses comme lorsque l’on appuie fermement sur ses yeux et que la pression sur la rétine où l’iris nous offre d’étranges apparitions. Un noir d’encre comme une couche pâteuse sur lequel apparaissaient des points très lumineux qui scintillaient, qui tournoyaient et semblaient se déplacer à la vitesse d’un éclair. Puis ces points lumineux au nombre incalculable semblaient s’étaler sur le noir, formant des sortes de nuages ou de halos aux formes géométriques incroyables. Comme autant de galaxies que l’on traverse, qui s’effacent aussi rapidement qu’elles sont apparues, leurs couleurs variant du damier noir et blanc au rosâtre, verdâtre, jaunâtre, comme un mélange infini de couleurs que notre cerveau n’arrive plus à analyser. » http://juliengio.wix.com/salamandre-daxolotl « Il m’a paru plaisant, et d’autant plus agréable que la tâche était difficile, d’extraire la beauté du Mal » écrivait Baudelaire dans la Préface des Fleurs.
Lorsque s’offre à mon regard, posé sur ces étoffes maculées, un fragment de beauté, ces vers magnifiques me reviennent à l’esprit : Ô vous ! soyez témoins que j’ai fait mon devoir Comme un parfait chimiste et comme une âme sainte. Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence, Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. (Epilogue 2, projet, Les Fleurs du Mal) |